top of page
DETAIL

45°08'27.6"N 0°32'42.2"W

Nativa Pasquali

2020 BORDEAUX

Corde, plan, terre, graine

 

 

De retour sur la terre de son enfance, le regard ne perçoit plus la forêt voisine au pré. Rasée de tous ses côtés, celle-ci n’est plus et ne laisse que d’anciens souvenirs sur une terre battue. Le paysage est sacrifié, agressivement débarrassé de ses plus hautes courbes. Ce constat exaspérant conduit toutefois à une idée grandissante et engagée. La prairie familiale, quant à elle, est laissée à l’abandon, sans bétail pour la fouler. Ce terrain, autrefois presque interdit d’accès et objet de nombreux fantasmes, est désormais à portée de main, prêt à réceptionner de nouveaux pas. La barrière sépare encore les deux champs, le pâturage et le jardin. « Le premier pas installe de facto dans un entre-deux relevant d’une logique spéciale : plus dans l’endroit quitté, pas encore dans l’endroit convoité. » 1

 

Le corps se retrouve alors figé sur un point fixe de cette frontière. Il entre dans un processus d’observation avant celui de l’exploration. Le vaste territoire, qui se maintient devant lui, offre une plate-forme plate, sans formes, vide - semblable au terrain qui accueillait l’ancienne forêt attenante. Il est une toile blanche à remplir, mais néanmoins déjà parsemée de quelques taches vertes. La genèse de ce projet provient d’une volonté, celle d’avoir et de voir une multitude d’arbres au sein d’un espace que l'œil connaît depuis des années. Reboiser est l’objet d’un engagement personnel, celui de planter ce qui a été arraché ou de planter ce qu’il manque considérablement à une étendue. Il y a là tout un acte constructeur, on transforme le futur paysage par une action physique mais aussi par une projection mentale des futurs feuillus à venir. La première étape consiste à employer l’usage de la marche, sillonner les alentours, récolter avant de délimiter l’endroit exact qui recevra les graines. Tout comme la technique “Miyawaki”, l’idée est de planter plusieurs espèces d’arbres (sapin, épicéa, peuplier, chêne, bouleau, etc.) sur une parcelle sélectionnée, dégagée et délimitée afin de favoriser et d’accroître une biodiversité. Arpenter/Arborer le lieu, œuvrer à l’agrandissement d’un petit bosquet déjà présent, est un travail nécessaire et militant. Une reforestation réussie serait un accomplissement durable dans le temps.

 

1. ONFRAY Michel, Théorie du voyage : Poétique de la géographie, Paris, édit. Librairie Générale Française, 2007, p.37.

DETAIL 45°08'27
DETAIL 2_edited.jpg
CORDE PRE
MAQUETTE
bottom of page